Intimidation au secondaire

L'école secondaire, c'étai pire, évidemment. À ce moment là, j'étais séparé de mon meilleur ami du primaire. Je m'étais greffé à un autre groupe d'amis qui avait commencé à prendre forme à la 6e année - un groupe de rejets. Nous étions tous des gars qui se faisaient rire de nous quotidiennement, la risée des écoles où nous allions. Alors les seuls qui voulaient être amis avec nous c'était nous-mêmes... mais ce n'était pas une amitié solidaire. C'était plus une amitié qu'on n'avait pas le choix de faire, c'était ça ou de rester tout seul. On avait des points communs quand même, mais si on le pouvait, on se serait retournés les uns contre les autres à la moindre occasion pour accéder au rang des élèves "populaire". On s'insultait sans cesse entre nous mêmes. On se faisait souffrir, pour le plaisir d'avoir le pouvoir de faire souffrir les autres - c'était le seul moyen de survivre à notre haine et de sentir qu'on valait encore quelque chose.

Là on commençait à me traiter de nerd. J'était un excellent étudiant. Je n'avais pas besoin de trop me forcer. Je faisais les devoirs. Quand les profs disaient les notes à voix hautes, les gens me traitaient de "bolle" dans mon dos quand j'allais chercher ma copie d'examen. J'ai commencé à vouloir avoir des notes moyennes. Des 70%. Quand j'avais une note moins bonne, j'étais content. Je me disais "tiens, je suis normal. Les autres vont me trouver normal d'avoir eu cette note, ils vont m'accepter comme un des leurs."

Les gens ont aussi commencé à m'insulter sur mon physique. J'étais tout maigre, petit - mais ce sur quoi ils ofcussaient le plus c'était ma laideur. Il me traitaient de laid tout le temps. Même mes amis. Ça a complètement détruit l'image quej'avais de moi. Ça m'a pris des années après à pouvoir me trouver pas repoussant, à supporter mon reflet dans un miroir - je haisais tellement ce reflet.

Il y avait ce gars, un Simon, il a été vil avec moi. Je ne sais pas d'où sa hargne venait, mais il me méprisait au plus haut point. Je le détestais. Je le déteste encore. Pas vraiment lui aujourd'hui, tout le monde a changé, mais lui quand il était jeune, ce qu'il m'a fait subir, et surtout, du fait que je l'ai laissé faire. Je ne répondais pas. Même que je me pliais a ces genoux. Je tendas l'autre joue pour une autre claque. Il me demandait de le dépanner durant les cours. Je l'aidais, lui expliquait la matière qu'il ne comprenait, je lui prêtais mes effets personels, dans l'espoir qu'il arrête de me traiter comme de la marde. Que je puisse devenir cool aussi. Mais ça n'est jamais arrivé. J'ai tant rêvé de le faire souffrir. Probablement qu'il souffrait déjà. Dans mes pensées, mes fantasmes et mes rêves je lui envoyais toute la rage que j'ai accumulé de tous ces gens que j'ai détestés. Il était le point culminant, l'avatar de ces intimidations.

Et puis on a commencé à grandir. J'ai rencontré de nouvelles personnes, qui me ressemblaient plus, des personnes qui n'allaient pas m'abandonner. Une vraie solidarité a commencé a émerger.

Avec le recul, je peux dire que tout ceci m'a permis de rester éveillé. De ne pas m'enfermer dans un confort anesthésiant d'une vie parfaite. Ces blessures qu'on a lacérées dans mon coeur m'ont permis de rester sensible à la douleur des autres. À reconnaitre que la douleur existe dans le monde. Je crois que mon empathie et ma gentillesse viennent de là. Mais ces grandes qualités viennent avec une tranchant, et c'est cette rage, qui, mal gérée, est peut devenir du self-hatred. Mais bien utilisée, elle est devenue un outil de création et de réclamation - réclamer la fin des injustices, et le courage d'aller au front des problèmes.